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6. Et pour terminer …pourquoi pas autour d’une bonne bière de chez nous ?

Le tilleuls

A l’heure chaude de la journée ou « chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir », combien est-il agréable de se reposer sous l’ombrage frais des tilleuls de la place de nos beaux villages, auprès d’une de ces fontaines de féérie, doucement chantante par l’eau versée dans la vasque… « J’aime le pays où l’ombre est un besoin » écrivait Stendhal. Ses inflorescences groupées en cymes, le tilleul Tilia sp, (Malvaceae), en alsacien : Lindeblüescht ; embaumeront l’air ambiant, avec une odeur douce de miel due à un mélange subtil d’aldéhydes et de dérivés oxygénés (farnésol, linalol, géraniol…) attirant ainsi de multiples abeilles. Au retour de promenade, son infusion détendra les dames dans le cas d’états neurotoniques et de troubles mineurs du sommeil.

Dans le commerce les inflorescences de tilleul sont constituées par les fleurs blanc crème, mais aussi par une large bractée à la base qui a pour rôle d’apporter des mucilages adoucissants mais aussi une certaine élasticité évitant ainsi que les fleurs ne tombent en petits morceaux.

Le marronnier d’inde

A moins que ce ne soit sous les feuilles étoilées du marronnier d’inde, Aesculus hippocastanum L. (Sapindaceae), en alsacien : Keschte ou Rosskeschte qui assurent la pérennité aux ombrages de nos jardins.

Nous connaissons tous son fruit, une capsule épineuse renfermant de grosses graines luisantes, brunes, les marrons. Il fut importé vers 1591 grâce à Charles de Lécluse. A la fois des préparations à base de son écorce et de ses graines seront efficaces dans certaines pathologies veineuses, mais curieusement au moyen de molécules différentes ! Son écorce renferme des coumarines, (esculoside…) alors que ses « marrons » aux hiles blancs, accumulent des saponosides qui sont employés dans les troubles fonctionnels de la fragilité capillaire, de l’insuffisance veineuse (jambes lourdes…).

Le noyer

Plus loin, là « où souffle l’esprit » sous un noyer, Juglans regia L. (Juglandaceae), en allemand : Walnussbaum et en alsacien : Nussbaum, dont les feuilles et le brou contiennent des quinones (juglone…) qui sont des antioxydants piégeurs de radicaux libres.

Elles sont néanmoins considérées maintenant comme toxiques car cytotoxiques et génotoxiques, bien que des préparations soient utilisées dans le cas de problèmes vasculaires. Ma grand-mère laissait macérer des noix (des drupes) avec leur péricarpe vert et charnu dans du schnaps au soleil…et quand on avait des problèmes de digestion, un petit verre nous remettait d’aplomb ! Mais ce sont aussi des antiseptiques et des antifongiques dans le cas de dermatoses.

Enfin, pour faire un lien avec la tradition et probablement comme moyen mnémotechnique, la théorie de la signature était un signe du créateur mentionnant que l’apparence des plantes était censée révéler leur usage thérapeutique au commun des mortels.

la pulmonaire

Ainsi, la pulmonaire, Pulmonaria officinalis L. (Boraginaceae), Lungenkraut présente des feuilles lobées rappelant la morphologie du tissu pulmonaire…aussi en toute logique, la tuberculose devait être guérie. Ce ne fut, hélas, pas le cas car la science a montré un archaïsme.

la chélidoine

C’est aussi le cas de la chélidoine, Chelidonium majus L. (Papaveraceae), Haxamelich ou Schellkrüt, choisie par l’hirondelle pour rendre la vue à ses petits dit-on, et qui pousse le long des murs en ruines.

Sa tige cassée laisse sourdre un latex jaune-orangé encore utilisé contre les verrues car la trentaine d’alcaloïdes présents (chélidonine, sanguinarine…) sont cytotoxiques et antitumoraux. Autrefois on l’employait comme hépatotrope en raison de la couleur orangée de son latex qui est de même couleur que la bile…mais la science a montré qu’il n’en était rien et la balance bénéfices/risques est défavorable.