Le Grand Prix 2019 de l’Académie d’Alsace

Une cérémonie brillante et chaleureuse s’est tenue le 1er juillet dans les salons de l’hôtel de ville de Strasbourg pour la remise du Grand Prix 2019 de l’Académie d’Alsace au photographe Frantisek Zvardon, en présence du maire de la ville, Roland Ries.
Arrivé en Alsace en 1985, fuyant un régime oppressant et des interdits professionnels et artistiques, le Tchèque Frantisek Zvardon, photographe formé à la prestigieuse École de Brno, s’est progressivement introduit, avec discrétion et obstination, dans le difficile marché international de la photographie professionnelle. Parcourant le monde entier pour les reportages commandés par de nombreux éditeurs et magazines, des offices de tourisme et des institutions culturelles, il fait la démonstration d’un talent original, basé sur une rigueur technique exemplaire et coloré d’une inspiration humaniste nourrie par ses études de philosophie et sa passion des rencontres.
Ses travaux sur les aurores boréales, les tribus africaines Surma, les ouvriers de la sidérurgie, et tant d’autres, confirment son excellence dans le paysage comme dans le portrait, la couleur et le noir-et-blanc. Mais aussi, ayant fait le choix de l’Alsace, il est à l’origine de campagnes photographiques qui ont apporté un total renouvellement des regards et des représentations sur l’Alsace, les Vosges, les villes.
Personnalité chaleureuse et discrète, Frantisek Zvardon n’avait jamais fait l’objet jusque-là d’une reconnaissance grand public officielle.

Le Grand Prix de l’Académie d’Alsace des Sciences, Lettres et Arts


Parmi les dix prix décernés par l’Académie d’Alsace des Sciences, Lettres et Arts, le Grand Prix distingue depuis 1973 une personne impliquée dans un travail remarquable, qu’il soit prestigieux ou modeste, scientifique, artistique ou d’engagement social. Il s’attache à mettre en lumière l’œuvre et l’action d’une personnalité n’ayant pas encore bénéficié de reconnaissance grand public officielle. Biennal jusque-là il devient annuel et bénéficie désormais du soutien de la Ville de Strasbourg, qui en accueille la cérémonie de remise officielle et contribue à sa promotion. Une exposition de grands tirages de Frantisek Zvardon a lieu tout le mois d février sur les grilles de l’hôtel de ville, place Broglie.

Extrait du discours du président Bernard Reumaux


« Le Veilleur de la Beauté du Monde »
« Frantisek Zvardon sait la misère, la laideur, la violence, l’injustice qui envahissent le monde. Il a voyagé hors des sentiers battus dans le monde entier et il est attentif à l’humanité telle qu’elle est. Il a approché de près les atteintes aux paysages, aux sociétés, la famine, la guerre, la mort. Il a vu les plus beaux sites défigurés, de l’Islande au Brésil ; les ravages d’un certain tourisme irresponsable, etc.
Et que nous livre-t-il ? Des paysages en majesté, la symphonie enjouée de la Création, l’enchantement des éléments combinés, palette infinie de feu et de glace, de roc et d’océan, de jungle et de désert, de moissons et d’étoiles, d’aurores et d’orages.
Oui, il sait la fragilité du monde, l’envahissement de la laideur, mais il ne dénonce rien frontalement. Il veille sur la Beauté du Monde, et ce faisant il nous alerte, puissamment. Voilà votre monde, voilà notre monde, louez-le, respectez-le, veillez sur lui, chacun d’entre vous.
Mais ne nous y trompons pas. Frantisek Zvardon a une conception de la Terre, du Monde, qui ne se réduit pas au concept parfois ambigu de « Planète », païennement sacralisée, déshumanisée. La Terre, pour lui comme pour tous les humanistes, ce sont aussi les hommes. Pour notre photographe militant à sa manière, célébrer la beauté du monde et rendre attentif aux menaces pesant sur lui, c’est aussi honorer l’irréductible dignité de l’humain, les hommes, les femmes, les enfants, dans l’infinie diversité des cultures, des modes de vie, des destins. Et veiller pareillement sur eux. »