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« Ce qui se conçoit clairement, s’énonce clairement » que ce soit en philosophie, en littérature, en science… d’où l’importance de l’apprentissage de la langue vernaculaire.

Faut-il revenir sur les constats dressés par les organismes les plus divers sur les carences de l’éducation nationale qui s’occupe à présent  – ô bonheur – des accents circonflexes après avoir – rectifié, simplifié, arrangé, modifié, réformé  – 2400 mots perdus dans la mémoire collective ?

A ce propos, que dit le site de l’Académie française : « Refus de toute imposition autoritaire de normes graphiques et sanction de l’usage pour les rectifications proposées ».
Pour le commun des mortels, sans référence aux mots rectifiés, que signifie cette injonction obscure ?
Allons, écrivons ce que capte notre oreille ! A mort les fautes impossibles à identifier. Une aubaine pour notre cerveau reptilien. Et pourtant le public a répondu « passionnément » à l’invitation du concours national de « la dictée » qui demeure, dans l’inconscient populaire « un marqueur culturel et social ». A méditer !  
Revenons au thème de notre Compagnie : « La Parole fondatrice et créatrice »…
Trois exigences : la Connaissance, la subtilité, l’esthétique…
Trois fondamentaux pour nourrir la pensée et lui donner corps, c’est-à-dire pour la création qu’elle soit littéraire ou scientifique. Il semble opportun à cet endroit de citer André Breton, le surréaliste, qui souhaitait que les mots fassent l’amour en pleine liberté ! Mais : « Encore faudrait-il que  les éléments du langage cessassent de se comporter en épaves à la surface d’une mer morte ».  Prémonitoire constat…
Il s’agit ici de résumer la position de notre Compagnie dans ce qui est essentiel dans la construction et l’épanouissement d’un être humain : « Que la pensée se lève à la fine pointe des mots » encore faut-il en connaître le sens…
Quelle souffrance, quelle frustration… si souvent exprimées dans le mal-être de nos contemporains ! Nous pouvons employer des mots savants – en parlant de linguistique et de sémantique – mais nous pouvons aussi parler simplement de l’orthographe et de la grammaire, des disciplines indissociables de notre état d’être humain.

Jacqueline de Romilly, helléniste, académicienne, exprime avec force ce dont nous sommes convaincus : « La parole est le rempart contre la bestialité ».
Une évidence décrite à l’envi depuis la nuit des temps, singulièrement opportune en ce début d’un XXIe Siècle qui semble avoir jeté aux orties le grand rêve d’une Terre de progrès et de paix.

La clairvoyance de notre consœur répond à  celle de Montaigne :« Nous ne sommes hommes et ne nous tenons les uns aux autres que par la parole ».