Art : où vas-tu ?

Les travaux réalisés pour la réfection et l’agrandissement du musée d’Unterlinden pour mieux abriter les chefs-d’œuvre de l’art rhénan, et plus particulièrement les œuvres de Martin Schongauer et Mathias Grünewald avec son retable d’Issenheim, m’invitent à quelques réflexions sur l’évolution de l’art.

Très récemment dans différents médias, une « performance artistique » faisait l’objet de commentaires éclairés. La « performance artistique » réalisée au sein du musée d’Orsay consistait à se coucher au pied du tableau de Manet dans la même position et même tenue vestimentaire qu’Olympia, sujet féminin du célèbre tableau.
La «performance artistique » me semble dans ce cas, se situer au croisement du sensationnalisme et de la culture populiste.
L’étroitesse d’esprit conduit souvent à éradiquer toute culture, toute valeur artistique, toute histoire culturelle. Jean d’Ormesson rappelait très justement dans son ouvrage Qu’ai-je donc fait ? que « la médiocrité est portée aux nues. Les navets sont célébrés comme des chefs d’œuvre. Ce qui sera oublié dans trois ans est l’objet d’un tintamarre qui finit par rendre insignifiant pèle mêle le meilleur et le pire »
L’art est un domaine particulièrement ouvert et sensible à la subjectivité et au ressenti intime. Soyons et restons attentifs à l’attention portée par les Etats à différents fonds, lesquels sous prétexte d’innovation et de modernité soutiennent des œuvres au goût quelquefois douteux, où toute esthétique, tout travail, toute sensibilité ont disparu.  La culture artistique doit être participative, engageant la compréhension, le dialogue, la paix et le respect, respect de soi et de l’autre.
Par ailleurs, tout développement culturel exige le goût de l’effort et de la compétition, car le monde est ouvert. Pour arriver au plus haut niveau, les disciplines culturelles, artistiques, scientifiques exigent un énorme travail. Sans retourner à l’art préhistorique (pourtant témoin par le nombre et la qualité esthétique de ses œuvres) nous observons une évolution dans la déconstruction des règles académiques de la figuration au nom d’un impératif d’une réussite trop facile.
Jeff Koons peut ainsi déclarer : « le marché est le meilleur critique… mon œuvre n’a aucune valeur esthétique… je pense que le goût n’a aucune importance. »
L’artiste du troisième millénaire peut malheureusement réaliser les idées les plus farfelues que les institutions encouragent, et que certains nomment des « questionnements », d’autres des « provocations ». Peut-on imaginer que l’on soit passé d’une transgression de l’académisme à un académisme de la transgression ?
Je pense pour ma part, que certaines propositions en art contemporain sont magnifiques, d’autres sans aucun intérêt.
C’est l’une des caractéristiques de l’art ‘actuel’ que de pousser à avoir une opinion.